Vanilles & fruits de La Réunion - Quentin & Béatrice DONNAY

L’histoire familiale de Béatrice est liée depuis trois génération à l’« or noir » de la Réunion. En 2014, le Conservatoire du littoral permet à Béatrice et Quentin de gérer une parcelle de 5 hectares dans la forêt de Bois Blanc à Saint Rose. Sur cet espace, totalement envahis par le jamrose, le couple mène un travail titanesque de restauration écologique en remplaçant les espèces exotiques envahissantes par des bois indigènes et endémiques.

Au-delà de la production de vanille, de letchis et de fruits lontan en agroforesterie, c’est leur passion pour la biodiversité réunionnaise qui les incite à innover et à appréhender la forêt différemment. Comme l’affirme Quentin : « Même si on a gagné [la médaille d’or du] trophée de l’innovation en agroécologie, finalement, on a fait que revisiter le passé. […] La seule chose qu’on a apportée en plus avec ma femme Béatrice, c’est notre culture botanique et notre amour pour la restauration écologique de la forêt de bois de couleurs ». A La Réunion, les plants de vanille poussent aussi bien sur des espèces exotiques que sur des espèces endémiques : Quentin et Béatrice privilégient les essences indigènes, choix plus respectueux des pratiques traditionnelles de culture sur des bois de chandelles ou des vacoas.

Cette approche montre la manière dont l'agriculture peut coexister harmonieusement avec les écosystèmes naturels, au prix d’un travail minutieux, sans mécanisation ni produit chimique. « Si j’interviens à la main, je peux sélectionner une plantule de bois d’osto, un bois de gaulette, ou encore un palmiste rouge. Et ça il n’y a que la main de l’Homme qui peut obtenir ce résultat-là. Ici, on n’a pas besoin de planter pour restaurer la forêt, on laisse la nature se refaire. Au final, on répare juste les maux de l’Histoire. » (Quentin Donnay)

Pour diversifier leur production, Béatrice et Quentin se sont appuyés sur la pyramide des habitats et milieux naturels de La Réunion de Thérésien Cadet. Ils ont surtout observé leur parcelle et identifié les plantes déjà présentes.

Les méthodes de travail de ce couple reflètent leurs convictions profondes, cherchant à produire sans détruire et à léguer un terrain sain aux générations futures. Cette approche, bien qu’exigeante, est une source de fierté pour le couple, qui tient à rester indépendant, fabriquant eux-mêmes leurs intrants et maîtrisant le processus de la production à la commercialisation.

Convaincus que l’évolution des pratiques agricoles doit passer par une approche collective, Béatrice et Quentin s’impliquent depuis plusieurs années dans un projet associatif sur Sainte Rose. En favorisant le partage de connaissances et de compétences, ils ont réussi à rassembler des agriculteurs issus de filières différentes (vanille, cannes à sucre, etc.) au sein de ce qui est devenu, en 2023 , un « groupement d'intérêt économique et environnemental » (GIEE).  Un moyen pour ces producteurs engagés dans une gestion durable du territoire, de montrer que la préservation des espèces indigènes et endémiques et la diversification des cultures permettent d’avoir une production plus résiliente et prospère.