Parc national de Port-Cros
“À Porquerolles, on peut trouver des produits cultivés dans le respect du cahier des charges de l’agriculture biologique, cultivés dans le cadre d’un projet solidaire qui permet de créer et maintenir des emplois locaux.“

L’association Sauvegarde des Forêts Varoises, créée il y a trente ans, a pour vocation d’accueillir des personnes sur des postes en insertion (elles sont 48 dans ce cas fin septembre 2020). Agréée par la DIRECCTE “chantier d’insertion”, l’association propose des contrats de travail mêlant production sur le terrain (environ 80% du temps de travail) et accompagnement (les 20% restants).

Sur l’île de Porquerolles, l’association est en partenariat avec le Parc national de Port-Cros pour l’entretien des vergers conservatoires d’oliviers, de figuiers et de mûriers, dans le cadre du projet COPAINS (COllections PAtrimoine INSertion).  Toujours sur l’île, l’association développe une activité de maraîchage et de transformation des produits. Préservation des espaces naturels, prévention incendie et création d’emplois sont depuis 1995 les objectifs de l’association et, bien que l’équilibre économique soit parfois difficile à atteindre, l’ASFV peut s’honorer d’avoir créé une soixantaine d’emplois.

Agnès Aujard, la directrice de l’Association Sauvegarde des Forêts Varoises, nous explique les domaines d’action de sa structure et son implication dans l’environnement local : le maraîchage et la transformation de produits.

Pour le maraîchage, l’association a un point de vente sur l’île, à la sortie du village. Le point est ouvert toute l’année, deux fois par semaine en été, et une fois par semaine le reste de l’année.

Bien que ce marché soit connu localement, Agnès aimerait pouvoir lui donner un nom qui prête moins à confusion. En effet l’acronyme COPAINS, bien que très sympathique, a pu à plusieurs reprises desservir l’association : le parallèle avec les activités poursuivies par l’association n’est pas facile à faire…

Pour son activité de transformation de produit, l’association a de ce fait déposé une marque : "Les Jardins de Porquerolles".  Grâce à ce nom, largement évocateur de l’île, les produits parviennent notamment à se faire une place de choix parmi les souvenirs prisés par les touristes.

Le premier objectif de la transformation de produits a été de chercher à réduire les pertes liées aux productions de fruits et légumes. Pour y satisfaire, le Parc national de Port-Cros a investi rapidement dans un laboratoire. L’association a démarré en confectionnant des confitures, des veloutés. Mais pour se diversifier et monter en qualité, il faudra embaucher quelqu’un. Ce sera chose faite en 2019.

Huile d’olive, caviar d’aubergines et gelée de mûres sont les produits les plus prisés par les touristes. Agnès tâche de trouver un équilibre économique en pratiquant le “juste prix” sur les produits de ce projet solidaire. Mais elle doit le reconnaître, les coûts de production et l’insularité notamment (déplacements en bateau) font qu’il est un prix en deçà duquel il est difficile de baisser le prix, au risque de ne plus couvrir les frais.

La gestion de l’eau fait partie des problématiques de production : sur l’île, les réserves d’eau sont limitées et les cultures doivent être développées en proportion.

Les faisans, en nombre sur Porquerolles, vont endommager les cultures de tomates, de courgettes. L’association a investi dans des filets pour protéger ses plants, mais doit s’assurer que, si elle protège ses productions des volatiles, elle ne nuit pas à la pollinisation avec des filets aux mailles trop serrées pour laisser passer les insectes…

Créer des activités qui ont du sens et toujours en lien avec le respect de l’environnement, des équilibres dans la nature 

Agnès qualifie volontiers son parcours d’atypique :

Après avoir passé mon BAC, je ne souhaitais pas forcément faire d’études, je voulais m’occuper d’animaux. Au départ c’était plutôt des chevaux, et puis finalement, je me suis orientée vers les chèvres et j’ai passé un brevet d’éleveur caprin. J’ai fait de l’élevage pendant 8 ans, ce qui me correspondait bien puisque mes enfants étaient petits, je pouvais les garder avec moi. Ensuite, en 1991, on a créé l‘association de Sauvegarde des Forêts Varoises avec un ami psychiatre. On était branché un peu social et l’idée derrière cette association était notamment d’accueillir des personnes en rupture. C’était un lieu d’accueil pour les personnes, il y avait des bénévoles, c’était pas structuré. Au fil du temps, il y a eu des salariés, et moi j’étais toujours avec mes chèvres ! Je faisais partie du conseil d’administration, j’ai intégré la structure en 1993 comme directrice adjointe. En 2001, j’ai pris la Direction puisque le directeur avait pris sa retraite. 

En 2011, j’ai fait un Master « Management de l’insertion dans l’économie sociale et solidaire ». J’étais autodidacte pour tout ce qui était comptabilité, payes… Je voulais confirmer mes compétences. J’avais beaucoup appris sur le terrain et j’ai été Major de la promo ! J’ai vraiment pu m’investir au niveau de cette structure et la développer. C’est quelque chose qui me plaît, de développer, de travailler en équipe. Alors il y a eu des mouvements, des personnes qui sont venues, qui sont reparties, puis il y a des nouvelles. Il est vrai qu’en 30 ans, on voit beaucoup de monde même si je dirais que l’équipe est plutôt stable.

Nos activités sur Porquerolles nous ont permis de renforcer ce côté valeur environnementale associé à l’alimentation. J’ai une sensibilité particulière pour tout ce qui est alimentation biologique, provenance des aliments, produits de saison. Cela nous permet aussi de faire passer des messages qui sont importants.

Le projet de maraîchage et de transformation nous plaît beaucoup, on sent qu’il y a un potentiel, on sent qu’il y a des demandes ! On est maintenant sollicités par des boutiques qui veulent avoir nos produits et on a mis en place une e-boutique également.

Agnès Aujard et l’association Sauvegarde des Forêts Varoises ne sont pas à court de projets :

On aimerait pouvoir travailler au recyclage des déchets. Les déchets verts de l’île de Porquerolles repartent sur le continent alors que nous manquons de matière organique pour fertiliser les espaces cultivés.”

Agnès songe à faire une étude sur ce sujet. Dans le cas où ce développement serait possible, Agnès pense que “ça aurait tout son sens de dire “on peut créer des emplois, de nouvelles activités, développer de nouvelles compétences et travailler à la collecte des déchets”.  Avec pragmatisme, Agnès conclut que si cette nouvelle activité venait à voir le jour, ce serait à la condition que l’équilibre financier soit possible.

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Vergers de Porquerolles © Océane Vincent - Parc national de Port-Cros
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© Océane Vincent - Parc national de Port-Cros
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Jardins de Porquerolles © Katia Audemard / Parc national de Port-Cros
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